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Traduction Fa Lian Shakya

Tout comme Moggallanna, le Disciple de Bouddha qui était à la recherche de sa mère, j'étais entré dans le Royaume des Pretas avec une mission.

Moggallanna était entré dans ce royaume par effort pour sauver sa mère. Elle était re- née dans ce Royaume- infernal comme résultat de sa convoitise. Un esprit toujours affamé avait donné le résultat karmique de la convoitise de sa vie antérieure soit, de sa renaissance dans un royaume l'entourant de nourriture impossible pour elle de manger malgré l'abondance et le libre accès. Moggallana arriva donc chargé de nourriture solide provenant du royaume de la terre pensant apporter un peu de secours à sa mère bien-aimée.

Ayant finalement retrouvé sa mère, Moggallanna lui tendit un bol de nourriture qu'elle prit avec reconnaissance puis regarda horrifiée la nourriture tourner en poussière lorsqu'elle la mettait en bouche. Il découvrit ainsi une vérité essentielle du Bouddhisme: quelle que soit la bonne intention, on ne peut pas être le sauveur des autres. Chacun doit s'occuper de son propre karma dans la vie présente - ou le payer dans quelque vie future.

Il lui fut rappeler également le prix des passions et des désirs. Ceux-ci ne sont jamais apaisés. Une caverne dangereusement profonde remplie de désirs toujours naissants et puis la satisfaction qui tombe en cendres comme celles d'un feu de mémoires oubliées.

Pas que ma mission fut aussi noble que celle de Moggallanna. Je ne suis qu'à la recherche d'un paquet de bâtonnets d'encens. Mais comme Moggallanna je ne connais pas l'endroit pour trouver ce que je cherche. Il faut que je cherche partout dans ce royaume pour pouvoir trouver mon encens.

Bizarre, c'est assommant - ce royaume d'enfer n'est pas sombre ni de mauvais augure. Il est lumineux et propre et même attirant. Un son de musique et de voix douces remplissent l'air provenant d'une source invisible. Une masse de gens marchent avec moi entourés de rayons après rayons généreusement chargés.

Une ironie de la chance, je me trouve dans une zone pleine de nourriture. Les êtres ici sont surchargés de délicieux produits nutritifs. Certains ont des paquets pleins les bras. D'autres poussent des charrettes comblées.

D'autres encore portent des sacs vivement colorés et bien remplis.

Il y a des fruits provenant de tous les coins du monde - délicieusement commun, il y a des pommes et des oranges et aussi des groseilles, des ananas, des mangues et des papayes. Il y a aussi des délicatesses singulières comme des kiwis, des mandarines et des fruits d'étoile. Des légumes, allant du riz, haricots, céleris et épinards aux herbes et épices étranges.

Un homme là tout près fronce les sourcils tout en manœuvrant une charrette à bras lourdement chargée de viande -- porc, poulet et bœuf; il y a aussi du poisson, des homards et des crevettes. Une femme un peu plus loin se démène avec des pains pleins les bras, des couques et des biscottes. Un enfant lui tire la jupe en pleurnichant et désignant une collection infinie de sucreries.

Il n'y a pas d'encens dans ce pays de nourriture.

M'aventurant plus loin, je me retrouve entouré d'articles de cuisine et d'appareils domestiques. Une belle collection d'assiettes peintes, des bols et des tasses. Des rangées de verres étincelants. Des boites contenant des grille-pain électriques, des grille-volailles, des ouvre-boites, des mixers, des presse- citrons et des machine à café, le tout rangé en mont qui touche le plafond.

Un homme appelle un autre en lui signalant une machine à café expresso. « Je te l'avais dit, ça ne marche pas ! » Crie t‘il à l'autre. « L'expresso que ça fait a un goût de boue. »

Je continue encore me sentant à la fois dérouté et accablé. Pas d'encens dans ce pays de merveille.


Dans la section suivante je me retrouve au milieu de vêtements. Il y a des simples pantalons denim et des chemises de coton légères. Il y a des jolies robes de soie, de très jolis brocarts, des blouses brodées puis aussi des vêtements de nuit un peu embarrassant ainsi que de la lingerie intime. Des trésors qui pendent tout autour et en rang serré. Un tas de vêtements assemblés dans leur propre petit espace - mais toujours pas d'encens.

Une femme portant une jupe de soie se regarde désolée dans un miroir tout en marmottant. « C'est trop étroit » « Pourtant je sais que c'est ma taille »

A présent il y a des rangées et des rangées de téléviseurs - de très petits que l'on distingue à peine et des énormes qui recouvriraient tout un mur. Des femmes et des hommes de tout âge sont là, atterrés. Ils regardent fixement les images de films, de shows, de jeux vidéos. Une cacophonie de sons provenant d'un tas d'instruments musicaux se fait entendre.

Tou en continuant, je rencontre un rayon de jouets, de beaucoup de livres et journaux. Des revues et des crayons, une confusion de bric à braque inutile et - ah! Oui - un paquet de sticks d'encens de bois de Santal.

Il y a aussi un rayon remplis de marteaux, de scies et un tas d'accessoires en porcelaine pour la cuisine et la salle de bain. Puis des draps de lit, des coussins, des couvertures et des couvre-lits. Tout ce qu'il faut aussi pour la voiture, un tas de chromes inutiles. Puis partout il y a les même visages renfrognés scrutant dans ce paradis tout en soufflant, surchargés qu'ils sont de tant de choses acquises.

Puis pendant un moment je me sens comme paralysé de peur de toutes ces allées scintillantes, je suis déconcerté de par cette foule infinie, mais surtout accablé par les odeurs, la vue et le bruit. Me retirer de cet endroit trop comble aux innombrables tentations est une mission simple - il s'agit de sortir. Résoudre la confusion en abandonnant les pensées. Un pas à la fois et petit à petit trouver la porte pour sortir de ce royaume.

Emporté d'un oubli de soi (et totalement accablé par ce royaume), je trouve réconfort dans l'environnement, je me rends compte de marcher - sachant être là debout -- sachant d'avancer un pas à la fois, lentement.
J'entends des cloches qui sonnent, un chœur de voix qui grognent et des sons de bip-bip.
Serait-ce de l'eau qui coule ou bien le tintement de pièces de monnaie ?

Soudain une voix fit éclater la bulle de protection que j'avais construite autour de moi. « Monsieur ? Monsieur ? » Implore la voix d'une jeune femme. « Comment! Quoi ? » J'entends ébahi ma propre réponse.
« Votre reste Monsieur » répondit -elle. « De vos bâtonnets d'encens. Merci d'avoir fait vos achats à Wal-Mart. »

Le Royaume des Prêtas n'est pas un mythe, ni une légende et les fantômes affamés circulent dans le monde.