Cinquième partie - Le Contexte du Zen
Une série d'essais discutant certaines récusations rencontrées par les Praticiens du Zen Occidental
Avant de découvrir mon Soi j'estimais toutes choses par quelque chose d'autre. A présent je sais estimer d'abord toutes choses par ce qu'elles sont par rapport à elles-mêmes.."
-- Anonyme.
Le contexte par lequel nous voyons une chose a une grande influence sur notre perception de cette chose et il y a une grande influence sur notre perception du Zen.
Lorsque nous nous renseignons sur quelque chose au premier abord c'est avec nos sens et nous savons tous trop bien que ceux-ci peuvent tromper, nous duper à croire que les choses sont d'une manière lorsqu'en fait elles en sont d'une autre.
Nous entrons dans un temple Bouddhiste et voyons une statue géante de Bouddha, sentons le parfum de l'encens et entendons le chant des moines ; nous sommes enveloppés d'un sentiment extravagant de délice ou de stupeur sacrée, d'ahurissement ou de confusion qui dépend de notre prédisposition ou de l'attitude vis à vis de l'expérience. Le Zen, comme tout, d'ailleurs, existe toujours dans un contexte, pourtant la nature même du Zen lui permet de s'adapter à une infinité de variété de contextes externes parce que, par lui-même il est sans contexte. Le contexte pur de Zen est notre Etre Intérieur - notre force de la vie - l'essence de laquelle est exempte l'expérience sensorielle subjective. C'est un contexte métaphysique et comme tel, il est également indescriptible.
Pourtant ce sont les expériences sensorielles et mentales de notre vie, et spécifiquement de nos rencontres avec des enseignants Bouddhistes, statues ou littérature etc., qui nous donnent une impression de ce qu'est le Zen. Pour éviter d'être induit en erreur, il est important se rappeler que ce sont tout simplement des impressions de Zen et non ce que le Zen est. La culture dans laquelle le Bouddhisme Zen a établi des racines profondes n'a aucun problème quant à définir le contexte de Zen et en fait, ses adhérents indigènes envisagent souvent ce contexte comme étant synonyme du Zen même. Nous voyons de nombreux exemples dans les coutumes et usances lorsqu'un aspirant qui va être adhéré devra obéir - se prosterner, chanter, se soumettre aux modes de méditation assise et de marche, aux règlements de nourriture, règlements de l'habillement, protocoles sociaux et autres - avant d'être privilégié et obtenir l'entraînement du Zen. Le défi de telles cultures est qu'elles peuvent facilement, même involontairement, guider le chercheur dans le piège de confondre le doigt avec la lune - de confondre les impressions extérieures avec la compréhension spirituelle : de confondre le décorum religieux avec la sagesse transcendantale.
Cependant, pour autant que je sache, personne n'a trouvé un moyen de présenter le Zen à un nouveau venu sans l'entourer d'un certain genre de contexte. Certes nous pouvons dire que le contexte général a toujours été Bouddhiste - mais le contexte spécifique a changé énormément d'un pays à l'autre, d'une culture à l'autre, et d'enseignant à enseignant.
Une culture nouvelle pour le Bouddhisme, telle que notre culture Occidentale envisage le défi extrême de créer un contexte soutenable pour que le Zen puisse y exister.
En Orient le Bouddhisme Chan est plus souvent blotti dans les temples Bouddhistes fondés et contrôlés par les gens d'origine non-Occidentale. Les différences de la culture et de la langue forment des barrières naturelles pour les Occidentaux. Certains Bouddhistes asiatiques perçoivent les Occidentaux comme étant " incapables de saisir " le Bouddhisme en général ni le Zen en particulier, probablement parce qu'ils se sentent dans l'incapacité de pouvoir communiquer socialement ni linguistiquement avec les Occidentaux. Par contre, il y a aussi beaucoup d' Occidentaux qui perçoivent les enseignants Bouddhistes asiatiques comme étant les seuls à pouvoir " saisir." Ces deux parties ont tendance à identifier le contexte de Zen à la culture asiatique elle-même.
Afin d'encercler cette perception artificielle du Bouddhisme Zen, nous devons non seulement créer un nouveau contexte par lequel apprendre et "pratiquer" le Zen, mais nous devons reconnaître que le Zen n'est pas implicitement limité par les cultures asiatiques. Il n'appartient ni à aucun groupe de personnes ni à aucun pays ni à aucune culture. Il est défini uniquement par le contexte dans lequel nous avons individuellement et uniquement l'expérience.
Alors où en sommes nous ? Nous en sommes à l'ingrédient essentiel du Zen - nous-mêmes. Nous en sommes à notre propre recherche du divin par la bonne volonté, la dévotion, l'humilité et le sacrifice de soi.
Es-ce que cela signifie qu'en tant qu'Occidentaux nous sommes libres de nous débarrasser des structures décoratives du Bouddhisme asiatique et traditionnel - des chants, des malas, des sutras, statuaire, encens, règles, etc.. ? Non, bien au contraire. Cela signifie que nous embrassons le tout, reconnaissant toutes ces choses comme étant des plaques de pierres précieuses qui nous permettent d'avancer sur le Sentier spirituel. Celles-ci peuvent être différentes à chaque pas, mais tant qu'elles sont employées, elles serviront un but précieux.
Zen est une discipline extraordinairement difficile à entreprendre, mais il est rare de trouver un individu qui ne bénéficie pas du parfum de l'encens, de la présence de sereine du Bouddha statuaire et des répercutions profondes des cantiques - toutes ces choses peuvent nous aider à être propulsé dans cet état spirituel de stupeur sacrée - cet état mystérieux qui nous fait frémir à chaque fois que nous le rencontrons. Un mala ou rosaire est quelque chose que nous pouvons emporter avec nous dans notre vie quotidienne comme un rappel permanent " d'être présent" en nous-mêmes. De tels dispositifs contextuels extérieurs sont importants parce qu'ils nous guident vers une vie intérieure.
Et, simplement dit, c'est là que nous voulons être. Ca c'est le pur contexte du Zen.
Traduction: Fa Lian Shakya,OHY